Mme Givernet, manifestement peu troublée par les propos de son chef de gouvernement, a choisi d’ignorer ces réserves en affirmant que la France maintiendrait son cap avec 1,5 GW d’éolien terrestre supplémentaire chaque année. Mieux encore, elle a réofficialisé le projet ambitieux et très controversé de 45 GW d’éolien en mer d’ici 2050, doublant ainsi la mise.
Une position qui, loin de semer la confusion, brille par sa clarté – et surtout par son audace – en totale contradiction avec les propos mesurés et réfléchis du Premier ministre Michel Barnier. En effet, alors que celui-ci semblait remettre en question l’enthousiasme pour les énergies renouvelables, Mme Givernet a promis la publication imminente d’une cartographie des « zones prioritaires » pour l’éolien, redonnant un coup d’accélérateur à la filière, malgré les réserves exprimées par son supérieur hiérarchique.
Jean-Louis Butré, président de la Fédération Environnement Durable, qui regroupe plus de 1000 associations en France, accompagné de son conseil d’administration, demande que le Premier ministre Michel Barnier clarifie sa position. Ils appellent à une confirmation de sa volonté de « mesurer mieux » les impacts des éoliennes, en particulier sur les finances publiques et les factures des usagers, laissant ainsi entendre qu’un ralentissement s’impose. Le Premier ministre est également invité à rappeler qui tient les rênes et à recadrer fermement sa ministre déléguée, afin d’éviter que de telles contradictions publiques ne se reproduisent.
La question reste donc en suspens : au sein de ce gouvernement, qui est le patron ?
Veuillez agréer, {subtag:senateur}, l’expression de nos sentiments distingués
Contact:
Jean-Louis Butré
contact@environnementdurable.net
tel : 06 80 99 38 08
ENTRETIEN. Éoliennes : « C’est une erreur de stratégie nationale qui va faire souffrir l’industrie française et nous coûter cher »
Publié le 04/10/2024 à 06:50
La Dépêche
Propos recueillis par Sabrina El Mosselli
L’association Fédération environnement durable lutte depuis 2007 contre le développement de l’éolien en France. Pour son président, Jean-Louis Butré, cette énergie renouvelable est en grande partie responsable des hausses des prix de l’électricité et fait du mal à l’industrie française.
Quels aspects de l’énergie éolienne vous posent problème ?
Beaucoup. Le plus important est l’aspect économique. On a une hausse constante des prix de l’électricité ces dernières années. L’augmentation de ces énergies renouvelables, avec l’éolien en tête suivi par le solaire, en est selon nous la cause principale. Là on entend parler d’un passage à 45Gw au lieu de 21Gw à l’heure actuelle (objectif de puissance installée pour 2035, ndlr), ça va faire doubler les prix.
Pour justifier ces implantations, on donne des chiffres de la consommation électrique française surévalués, de façon à dire que le nucléaire est en retard mais qu’on met en place des énergies renouvelables pour rattraper ce retard. En réalité, la consommation française baisse. Elle a diminué de 3 % en 2023 par rapport à 2022.
Préconisez-vous l’arrêt de la construction de nouvelles éoliennes ? Souhaitez-vous voir celles déjà installées être démantelées ?
Je pense qu’il faut arrêter leur progression. C’est, à mon avis, une erreur de stratégie nationale qui va faire souffrir l’industrie française et nous coûter cher. Il n’y a qu’à voir le nombre de PME qui ont fermé ces dernières années, en grande partie en raison des prix de l’énergie.
Quelle est votre réaction après les propos de Michel Barnier qui propose une sorte de sursis pour les énergies renouvelables dont l’éolien, le temps d’évaluer leur impact sur l’environnement ?
Ça me rassurerait si j’étais sûr qu’il avait les moyens de freiner cette tendance. Mais quand on voit que sa ministre dit le contraire en ouverture d’un colloque pour l’éolien, ça prouve qu’il n’y a pas une cohérence parfaite au sein de ce gouvernement (Olga Givernet, ministre déléguée chargée de l’énergie a inauguré le 14e Colloque National éolien mercredi, ndlr). On a un ministère de l’environnement inféodé aux promoteurs de ces énergies.
La France doit sortir des énergies fossiles. Si on ralentit le développement de l’éolien et du solaire comme vous le préconisez, quelles énergies doit-on privilégier pour répondre aux besoins en électricité ?
Tout n’est pas merveilleux dans le nucléaire, mais c’est un secteur clé pour la France. Il faut qu’on ait le courage de défendre notre industrie face à l’UE. On a une écologie qui n’a plus rien à voir avec une économie rationnelle. On nous annonce que le vent et le soleil c’est gratuit, mais non. S’il n’y a pas de vent ou pas de soleil, il n’y a pas d’électricité. Ce sont des énergies intermittentes qui ont besoin d’autres énergies en complément. C’est en train de tuer le système actuel. Le nucléaire est obligé de marcher de façon bancale pour pallier les lacunes de l’éolien.