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[Melun] Éoliennes : le grand symbole du mépris des campagnes

CHRONIQUE. L’essayiste Paul Melun fustige les installations éoliennes en France, en invoquant les dégradations des paysages mais aussi le manque de concertation populaire sur le sujet.

Paul Melun , Mis à jour le
La planification de l’éolien est aussi un saccage méthodique des paysages
La planification de l’éolien est aussi un saccage méthodique des paysages © ABACA

Dans les salons feutrés des ministères ou sous les néons blafards et impersonnels de Bruxelles, on se moque bien de l’avenir de villages dont on décide de l’avenir, sans même savoir les placer sur une carte. Les objectifs de développement de l’éolien sont le fruit d’obscurs tableaux, élaborés par de sinistres technocrates. Ceux-là sont ensuite transposés en décisions concrètes, transmises, puis appliquées sans la moindre participation démocratique.

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Gigantesque hold-up sur la souveraineté populaire, la planification de l’éolien est aussi un saccage méthodique des paysages

Gigantesque hold-up sur la souveraineté populaire, la planification de l’éolien est aussi un saccage méthodique des paysages, toujours les mêmes. Fourbe et cynique, l’idée est au fond assez simple. Jugées peu dignes d’intérêt, ou trop laides pour parler clairement, certaines régions ne mériteraient pas la même attention que les autres. Bien sûr, les villages de cartes postales, les stations de ski prestigieuses ou les villes balnéaires les plus chics sont épargnés.

Les éoliennes sont réservées aux « Gaulois réfractaires », à « ceux qui ne sont rien », à la France périphérique, celle qui a été exclue de la mondialisation, dont on dit qu’elle vote mal et que l’on accuse de tous les maux avec dédain. Que reste-t-il à ceux qui s’opposent à la construction de dizaines d’éoliennes autour de leur maison, dont certaines sont plus hautes que les gratte-ciel de La Défense ? Rien, si ce n’est encore une fois la mise à l’index, le mépris et les accusations infamantes. On dira d’eux qu’ils n’ont rien compris, qu’ils sont climatosceptiques, certains iront même jusqu’à les affubler des pires qualificatifs : réactionnaires, conservateurs ou pire… d’extrême droite !

Qu’importe si le prix de leur maison s’effondre, si le bruit les gêne ou s’ils déplorent le saccage de leurs paysages, lorsque des parcs éoliens entiers surgissent derrière des forêts, des villages ou des monuments historiques. Ces gens sont rétifs au changement et s’opposent au progrès, dira-t-on à Bruxelles ou à l’Hôtel de Roquelaure (siège du ministère de l’Écologie dans le très chic 7e arrondissement de Paris). Inutile de préciser que ceux qui prônent les éoliennes sont systématiquement ceux qui n’en ont jamais eu une au coin de leur rue.

Malgré cette ardente propagande, les Français continuent à rejeter massivement le développement de l’éolien

Le débat public est, sur ce sujet comme sur tant d’autres, particulièrement biaisé. On ne compte plus les reportages et sujets de journaux télévisés qui montrent des Français ravis de voir des éoliennes s’implanter chez eux. Sortes de villages Potemkine, ces images montrent souvent des habitants comblés par les éoliennes, contre quelques collectifs disqualifiés par la voix off que l’on présente à l’envi comme les réacs de service. Dans le même temps, les spots TV et autres affiches censés représenter l’écologie ne manquent jamais de placer des éoliennes, harmonieusement plantées dans des paysages idylliques.

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Malgré cette ardente propagande, les Français continuent à rejeter massivement le développement de l’éolien. Dans un sondage Ifop de novembre 2021, « 72 % des Français estiment que l’éolien est source de pollution visuelle et sonore pour les riverains et 68 % qu’il impacte les paysages et dégrade le patrimoine français ». Si l’on soustrait à ces chiffres la part de Français qui n’y sont pas confrontés, à savoir ceux qui vivent dans les grandes métropoles, le rejet est certainement encore plus massif.

Dans une écrasante majorité des cas, les consultations locales conduisent à des rejets massifs des implantations d’éoliennes. À l’instar du petit village de Rancon dans la Haute-Vienne, où malgré le vote contre des citoyens, le maire a choisi de valider le projet contre ses administrés. Ces consultations sont décriées et les pouvoirs publics sont peu enclins à voir se développer des référendums locaux de ce type. On comprend aisément pourquoi.

Face à l’idéologie européiste et à ses avatars, l’avis des gens importe peu

Alors comme souvent on impose, on empêche l’expression démocratique et on méprise ceux qui sont loin des lieux de pouvoir. Qu’importe si cela rend l’écologie impopulaire auprès de la France des provinces, si cela engendre un sentiment de colère croissant (comme en témoigne la lutte actuelle des agriculteurs) ou si cela abîme les paysages. Face à l’idéologie européiste et à ses avatars, l’avis des gens importe peu.

Sujet éminemment sérieux, la question écologique devrait être abordée à rebours de cette mascarade technocratique et antidémocratique. Il faut systématiser le recours au référendum lorsque des projets écologiques ou sociaux sont susceptibles de bouleverser des régions entières et la vie de ceux qui y résident. Le développement des énergies renouvelables n’est pas à blâmer en soi, mais doit être circonscrit à des zones où les nuisances sont limitées (parkings, terrains industriels…). L’État doit investir dans le nucléaire et le mix énergétique doit reposer sur un équilibre qui préserve l’environnement et les paysages.

Quels que soient les chemins que l’on empruntera pour penser ces questions, une chose est sûre, on ne fera pas l’écologie dans le dos des peuples.

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