Le Figaro. Éoliennes: «La France a perdu son indépendance énergétique» JL Butré

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Éoliennes: «La France a perdu son indépendance énergétique»

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Par Jean-Louis Butré

AFP FIGAROVOX/TRIBUNE

– Pour justifier la relance de la filière nucléaire, Emmanuel Macron a cédé aux industriels des énergies renouvelables, estime Jean-Louis Butré. Cette concession aura selon lui de lourdes conséquences en matière d’environnement comme en matière d’énergie.

Jean-Louis Butré est Président de la Fédération environnement durable. (FED).

À Belfort le 10 février 2022, le président de la République, Emmanuel Macron, pour justifier la relance de la filière nucléaire, a cédé aux industriels des énergies renouvelables en présentant un programme énergétique basé sur le développement massif des éoliennes terrestres et en mer ce qui n’empêchera pas les pénuries d’électricité et provoquera à coup sûr une atteinte au pouvoir d’achat des ménages.

Selon les déclarations d’Emmanuel Macron, l’éolien terrestre verra sa puissance doubler et le territoire sera couvert par 15.000 à 20.000 éoliennes. Or aujourd’hui 95% de l’électricité fabriquée en France est produite par des filières qui n’émettent pas de gaz à effet de serre. Ce programme est donc une erreur pour lutter contre le dérèglement climatique et la sécurité d’approvisionnement. Il entraînera la construction de plusieurs dizaines de centrales à gaz émettrices de CO², indispensables pour sécuriser l’approvisionnement en électricité de la France lorsque le vent sera absent, notamment en période d’hiver.

Ensuite le tarif de l’électricité des ménages «explosera», au détriment du pouvoir d’achat des Français. Le courant est acheté prioritairement et obligatoirement à des prix garantis exorbitants aux promoteurs éoliens. Tout le matériel pour construire les éoliennes est importé, principalement, d’Allemagne, du Danemark, et de Chine. La France subventionne des emplois dans ces pays et en détruit en France en affaiblissant la compétitivité des industries consommatrices d’électricité.

Les parcs naturels, les forêts, les zones protégées seront violés. La faune sera menacée. L’atteinte à la biodiversité sera gigantesque.

Comment préserver l’environnement quand bientôt 20.000 socles, soit un total de 35 millions de tonnes de béton armé ne seront jamais retirés du sol ? Compte tenu du coût exorbitant du démantèlement des éoliennes, le territoire conservera de multiples friches industrielles. Les parcs naturels, les forêts, les zones protégées seront violés. La faune sera menacée. L’atteinte à la biodiversité sera gigantesque.

«Les éoliennes en mer ruineront le patrimoine paysager et historique de la France de Dunkerque à Monaco.»

Pourquoi détruire le patrimoine historique, les paysages de la France et les biens des particuliers ? Concernant ces derniers, des moins-values allant jusqu’à 100% sont déjà constatées pour des maisons de riverains. Implanter des éoliennes qui dépassent maintenant 230 mètres de haut à 500 mètres des habitations est surtout une atteinte à la santé. Il suffit de lire la presse régionale pour comprendre que dans toute la France rurale des citoyens confrontés aux éoliennes s’insurgent de subir ces machines. Le village d’Échauffour dans l’Orne en est l’exemple parfait.

Zones d’interdiction de navigation comprises, 11.500 km², c’est une superficie plus grande que la Corse qui sera accaparée. Les éoliennes en mer sont situées au raz des côtes. Elles auront un impact important en raison de leur taille gigantesque et elles causeront la ruine du patrimoine paysager et historique de la France de Dunkerque à Monaco.

Des millions de touristes, de vacanciers, de familles et d’enfants, viennent au bord de la mer pour se ressourcer devant des grands espaces naturels. Les plages seront électrifiées par des lignes haute tension enterrées ou aériennes, sans compter les blessures infligées aux communes limitrophes engendrées par les raccordements de ces usines au réseau par des transformateurs. Et enfin, le coût pour la corporation traditionnelle des marins pêcheurs. Leurs espaces de travail historiques seront-ils accaparés par des multinationales, des consortiums financiers et des fonds de pension étrangers ?

Le plan éolien présenté par Emmanuel Macron cumulera tous les inconvénients, écologiques sociétaux et économiques.

Pourquoi a-t-il autorisé la destruction de l’environnement en faisant fi des rapports du Conseil national de la protection de la nature sur l’éolien en mer et des ONG, lanceurs d’alerte comme SeaSherperd, Robin des Bois qui ne cessent de dénoncer les conséquences désastreuses de ces usines sur la biodiversité, sur les poissons, sur les mammifères marins et sur le véritable génocide des oiseaux migrateurs et des espèces protégées qui ne trouveront plus d’espaces pour se reposer, se nourrir, ou voler ? Comment a-t-il pu affirmer son engagement à protéger la mer devant cinquante chefs d’états réunis à Brest au sommet international «One Ocean Summit», alors que quelques jours avant, le président de la République avait décidé à Belfort de la couvrir d’éoliennes et de sacrifier tout le littoral français ? L’océan est le poumon de planète, le premier régulateur du climat. C’est le principal puits de carbone. Personne n’a le droit de le détruire.

En conclusion, le plan éolien présenté par Emmanuel Macron cumulera tous les inconvénients, écologiques sociétaux et économiques. Dans ce dernier domaine, le secteur international éolien est à haut risque. Les leaders du secteur en Europe sont à la peine. Le métier est peu rentable, les prix explosent et les investisseurs sont méfiants, les leaders du secteur en Europe vont mal. Le discours d’Emmanuel Macron à Belfort acte en réalité le fait que la France a perdu son indépendance énergétique. Ce plan a-t-il été imposé à la France par l’Allemagne, berceau du lobby des industriels des éoliennes ? S’agit-il d’un accord pour qu’en échange de l’achat d’éoliennes par la France, l’Europe accepte l’inclusion du nucléaire dans la «taxonomie verte» en cours de négociation à Bruxelles ?

Cordialement
Jean-Louis Butré
Président
Fédération Environnement Durable
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tel 06 80 99 38 08