par LIBERATION et AFP publié aujourd’hui à 14h32
Eolien: L’ ancien PDG d’EDF Renouvelables, condamné à six mois de prison avec sursis

Les éoliennes sont bien meurtrières pour les oiseaux. Ce lundi 7 avril, la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Montpellier, a reconnu EDF Renouvelables et plusieurs de ses filiales pénalement responsables de la surmortalité de faucons crécerellettes, une espèce migratoire menacée de disparition.
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Le parc éolien d’Aumelas, dans l’Hérault, en mars 2025. (Gabriel Bouys/AFP)
Les magistrats ont ainsi ordonné la suspension pour quatre mois des 31 géants des airs du site d’Aumelas dans l’Hérault.
Dans un jugement qui représente une première au niveau pénal contre des exploitants d’éoliennes, le tribunal a condamné chacune des dix sociétés qui exploitent le site à 500 000 euros d’amende (dont 250 000 avec sursis) et l’ancien PDG d’EDF Renouvelables, Bruno Bensasson, à six mois de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende (dont 30 000 avec sursis).
Depuis 2006, l’entreprise a investi la zone, construisant progressivement jusqu’en 2014 l’un des parcs pionniers de l’éolien en France. Ces engins produisent l’équivalent de la consommation annuelle de 60 000 personnes.
Une espèce classée «vulnérable»
En décembre, lors de l’audience, le parquet avait réclamé, à la surprise générale, 750 000 euros d’amende (dont 500 000 avec sursis) pour EDF Renouvelables et ses filiales et six mois de prison avec sursis et 150 000 euros d’amende (dont 100 000 avec sursis) contre Bruno Bensasson. Le tout assorti d’une suspension de l’activité du parc éolien pendant un an.
L’association France Nature Environnement (FNE) Occitanie Méditerranée est à l’origine de cette procédure. En 2022, elle a fait convoquer EDF Renouvelables et Bruno Bensasson, grâce à une procédure rapide de citation directe au tribunal judiciaire de Montpellier pour «destruction d’espèces protégées» concernant le faucon crécerellette mais aussi, dans une moindre mesure, le busard cendré et de rares chauves-souris. «Une première» devant une juridiction pénale sur ce sujet, expose FNE.
Le bras de fer entre l’association et l’énergéticien remonte, lui, à plus d’une décennie. En effet, à partir de 2011, des cadavres ont régulièrement été retrouvés sous les pales et les mâts des éoliennes. «Entre quatre et cinq faucons crécerellettes en moyenne par an, soit environ 70 depuis le début de l’exploitation», admet EDF Renouvelables.
D’apparence aride et hostile, le site du causse d’Aumelas est «remarquable en espèces et habitats emblématiques des garrigues méridionales en bon état de conservation», au point d’avoir obtenu le label Natura 2000 en 2016 qui prône la protection de territoires représentatifs de la biodiversité européenne. La faune aviaire est particulièrement riche, avec un cortège de passereaux typique du milieu et plusieurs espèces de rapaces. Parmi eux figure le faucon crécerellette, petit oiseau migrateur d’une soixantaine de centimètres au manteau roux pour les mâles, et brun tacheté pour les femelles. L’espèce est classée «vulnérable» sur la liste rouge des espèces menacées en France tenue par l’Union internationale pour la conservation de la nature et le Muséum national d’histoire naturelle.