
| Communiqué de presse de la FED |
20 juillet 2025 – Bretagne, France Carnac est un monument préhistorique unique, antérieur à l’écriture, aux pyramides : un témoignage irremplaçable de la civilisation néolithique européenne. À peine le classement des alignements préhistoriques de Carnac et des rives du Morbihan célébré, le site est déjà menacé. Par une lettre ouverte à l’UNESCO, 3 associations Sites et Monuments, les Gardiens du Large et la Fédération de Protecton et d’Aménagement de la baie de Quiberon dénoncent le projet funeste de raccordement à terre d’un parc éolien offshore qui, s’il est réalisé, défigurerait irrémédiablement le site néolithique de Carnac. Ce projet industriel prévoit des forages, des câbles haute tension et des transformateurs géants, en plein cœur de zones archéologiques et naturelles protégées par l’UNESCO. Au nom d’une écologie dévoyée, on s’apprête à défigurer un site vieux de plus de cinq millénaires. Le gouvernement parle de « transition énergétique ». La Fédération Environnement Durable (FED) , « d’un sacrilège mondial — écologique, culturel et humain ». Appel International de la FED La Fédération Environnement Durable lance un appel international : À l’UNESCO Aux institutions culturelles et scientifiques mondiales Aux dirigeants politiques de tous les pays À tous les citoyens du monde Sauvez Carnac Protégez ce bien commun de l’humanité. 1) Les alignements mégalithiques de Carnac, datés de 4500 à 2000 av. J.-C (les alignements les plus anciens, comme ceux du Ménec ou de Kermario, sont estimés autour de 4500-4000 av. J.-C., tandis que certaines structures, comme les dolmens, pourraient être plus récentes, vers 3500-2000 av. J.-C) on sait que Stonehenge date de 3100 à 2000 av. J.-C., – sont considérés comme l’un des sites néolithiques les plus importants d’Europe. Leur récente reconnaissance par l’UNESCO souligne leur valeur unique en tant que témoignage des premières civilisations humaines. |

Quiberon le 19 juillet 2025
L’association Sites et Monuments association nationale agréée et reconnue d’utilité publique et les associations de protection du littoral morbihannais : les Gardiens du Large et la Fédération de Protection et d’Aménagement de la baie de Quiberon, des îles et du grand site dunaire sont infiniment fières du classement des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Depuis toujours notre esprit se cogne au mystère de ces pierres monumentales omniprésentes, à chaque détour du chemin, proches de nos maisons, de nos champs et pourtant si lointaines, si étranges et indéchiffrables. Ces témoins géants de temps immémoriaux nous rendent fiers autant qu’ils embarrassent par leur présence oppressante. « Ça n’est pas beau, et c’est ce qui irrite quand on est si bien habitué à ne reconnaître que l’esthétique des choses » Denis Roche, Carnac (Editions Suger 1985). Mais quel héritage fabuleux ! Nos instituteurs ne s’y méprenaient pas, qui nous amenaient au tumulus Saint-Michel et aux alignements de Carnac pour nos premiers voyages scolaires. Il ne nous manquait qu’une reconnaissance officielle. Il nous fallait une parole pour légitimer notre patrimoine mégalithique : celle de l’UNESCO. Elle a beaucoup tardé mais elle a été dite le 12 juillet 2025. Nos mégalithes sont à présent classés au patrimoine mondial, pour notre plus grande joie.
Pourtant nous ne sommes pas rassurés car une logique industrielle vient télescoper cette immense nouvelle. Le raccordement des éoliennes en mer menace les fonds marins entre Belle-Ile et Erdeven où se trouvent encore des vestiges archéologiques à découvrir, qui étaient émergés au néolithique.
La menace pèse plus encore sur le tracé du raccordement des éoliennes flottantes entre la plage de Kerhillio à Erdeven et le poste 225 kV de Pluvigner, soit dans la partie ouest de l’aire 1 retenue par le classement UNESCO. Nous lisons dans Le Télégramme du 18 novembre 2022 que la directrice de l’association Paysages de mégalithes s’en est émue. Mais le président, maire de Carnac, a protesté :
« Ce n’est pas possible que l’atterrage passe au milieu de notre zone, car c’est mettre en grande difficulté notre dossier. C’est d’autant plus curieux, qu’ils nous ont toujours garanti qu’ils contourneraient la zone.
» Et le président d’Auray Quiberon Terre Atlantique d’ajouter qu’il ne validerait pas un tel tracé « et que des propositions ont été faites pour faire passer l’atterrage du côté d’Erdeven ou le long de la voie ferrée du Tire-Bouchon qui relie Auray à la presqu’île de Quiberon. »
Les propositions évoquées dans ces deux déclarations sont incompatibles avec l’ensemble des aires retenues pour le classement UNESCO car les communes de Plouharnel et d’Erdeven sont également dans l’aire 1 du projet UNESCO dans sa partie ouest. C’est ainsi que le projet de raccordement entre la plage de Kerhillio et Pluvigner a été retenu alors que les zones archéologiques et mégalithiques sont présentes partout sur le tracé des communes du raccordement. Comment contourner notamment les trois dolmens à galerie de Mané-Braz à Erdeven, le dolmen de Crucuno et les alignements de Sainte- Barbe à Plouharnel ?
A notre sens, après le classement des mégalithe morbihannais au patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est l’ensemble des aires ainsi sélectionnées qui deviennent intouchables aux empiétements industriels, imposant une ardente obligation de retenue aux décideurs publics et privés.
En juin 2023 à Erdeven, RTE nous a répondu que le raccordement se ferait par « forage dirigé ». Mais en l’absence de fouilles archéologiques préventives systématiques, qui sait où se trouvent les vestiges et à quelle profondeur ? Et quels dégâts vont provoquer les forages ? On ne peut qu’être surpris du procédé quand on voit les mille précautions des archéologues en pareil cas. Le forage dirigé n’est pas approprié non plus en raison de la nature granitique des roches. On connaît les problèmes rencontrés lors de la pose des pieux des éoliennes en baie de Saint-Brieuc. La roche ne s’y prêtait pas et la technique a dû être revue.
Pour ces raisons, nous nous opposons fermement au raccordement éolien en zone protégée par le classement UNESCO. Si le projet éolien Bretagne Sud se prévaut d’une contestable « raison impérative d’intérêt public majeur » (RIIPM) pour passer outre la législation nationale, cette notion dérogatoire de circonstance ne peut exister au regard d’un patrimoine mondial qui va être altéré.
Nous attendons que la présidence de l’UNESCO entende nos associations et intervienne auprès des autorités françaises pour que le projet éolien industriel dit Bretagne Sud, installation par nature éphémère, soit tenu à distance des vestiges multiséculaires retenus par le classement UNESCO.
