
24/06/2025
Ce 26 juin, l’Assemblée nationale a validé indirectement le maintien du Programme Pluriannuel de l’Énergie (PPE 3), confirmant une trajectoire de déploiement massif des énergies renouvelables : doublement du parc éolien terrestre, multiplication par 10 de l’éolien offshore soit 50 parcs en mer, multiplication par cinq du solaire.
Le moratoire de bon sens, proposé pour évaluer les impacts réels de cette stratégie, a été rejeté – principalement à cause du revirement opportuniste de certains députés Les Républicains, plus préoccupés par leurs calculs électoraux que par la sécurité énergétique du pays.
Cette décision, non définitive car l’examen des textes législatifs concernés se poursuit notamment au Sénat, a été prise sans la moindre réévaluation technico-économique et elle ignore sciemment les avertissements clairs et récents venus d’Europe du Nord, où plusieurs États en avance sur le renouvelable affrontent déjà les conséquences extrêmement graves et directes d’un déséquilibre réseau incontrôlé.
En Espagne, un blackout massif est survenu récemment. Il illustre les limites d’un système basé sur l’intermittence solaire, aggravée par un réseau inadapté aux fluctuations de production. Mais deux alertes beaucoup plus structurelles viennent de tomber, les 26 et 27 juin, au Danemark et aux Pays-Bas, deux des pays les plus avancés dans l’intégration des renouvelables.
Aux Pays-Bas, la situation est critique : le réseau est saturé. Plus de 12 000 entreprises attendent un raccordement électrique, de même que plus de
8 000 producteurs d’énergie solaire ou éolienne. De nombreux quartiers, projets de bornes de recharge ou pompes à chaleur sont bloqués. Le pays, champion du monde du solaire par habitant, se heurte à un réseau non dimensionné pour absorber l’électrification rapide.
TenneT, gestionnaire de réseau, estime que les risques de rupture augmenteront fortement après 2030. Malgré un prêt d’urgence de 44 milliards d’euros, les besoins atteignent plus de 200 milliards, pour 100 000 km de câbles à poser d’ici 2050. (1)
Au Danemark, pionnier du renouvelable avec 50 % d’énergies vertes dans son mix, le système entre en crise d’équilibrage. Le pays a enregistré 485 heures à prix négatifs au premier semestre 2025. La production excède les besoins, faute de consommation adaptée et de stockage. Le dernier appel d’offres éolien offshore a été un échec total.
Le Danemark dépend désormais fortement de ses voisins pour équilibrer son réseau. Il est, selon Energinet, le pays le plus dépendant de l’Union européenne en matière de stabilité électrique.
Les réserves d’urgence sont insuffisantes, et l’arrivée massive d’onduleurs chinois rend plus difficile la régulation de la fréquence, mettant en danger les reaux informatiques(2)
Dans ce contexte, la décision française des députés d’accélérer coûte que coûte le déploiement des renouvelables, sans moratoire pour étudier ce qui se passe, sans arbitrage technico-économique indépendant, relève d’un aveuglement et d’une surdité grave qui ruinera durablement le pays.
Plutôt que d’imiter les erreurs de ses voisins, ou de suivre servilement les injonctions de l’Allemagne, qui, avec l’Energiewende, a détruit la compétitivité énergétique des pays européens, la France aurait dû tirer les leçons de leur expérience.
Nous courons vers une fragilisation majeure de notre système électrique, un doublement du prix de l’électricité, une désindustrialisation énergétique, et un risque réel de blackout systémique.
Contact
Jean-Louis Butré
contact@environnementdurable.net
06 80 99 38 0 8
Références
1) Le Figaro
2) Green Univers