Évolution et Défis des Réseaux Électriques avec André Merlin

Interview d’A.Merlin (fondateur et premier président de RTE, réseau maillé THT – Très Haute Tension) dans laquelle il expose très simplement les fondamentaux de  fonctionnement du système électrique, qui expliquent son opposition au développement envisagé d’une production intermittente aléatoire (éolienne et solaire), objets de la PPE3.

Cette ITW a été organisée par l’association PNC.

Qu’on soit pour ou contre le nucléaire, les lois de la physique de l’électricité du réseau THT électrique maillé français et européen (continental), sur lequel débite directement l’électricité des éoliennes offshore qui se transmet à la vitesse de la lumière, ne peuvent décidément pas être ignorées ou niées…

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Le prix de la chimère

Pour un moratoire immédiat sur l’éolien

Le spectre d’une surcapacité

Jean Pierre Riou
https://lemontchampot.blogspot.com/2025/04/pour-un-moratoire-immediat-sur-leolien.html

Quand l’encombrante production renouvelable donne déjà des sueurs froides à RTE

Les 15 premiers jours d’avril 2025 ont déjà connu 13 journées à épisodes de prix négatifs. Avec plus de 350 heures en 2024, ces épisodes se multiplient chaque année en France à chaque coup de vent sur fond de faible consommation, notamment chaque weekend. Et chaque fois, le nucléaire module à la baisse notamment jusqu’à plus de 10 GW le 05/04 à 13 h 45, au plus bas du cours du MWh. Chaque fois, les EnR (solaire & éolien) sous contrat de complément de rémunération ont cessé de produire pour profiter de la rémunération prévue en pareil cas, chaque fois les EnR sous tarif d’obligation d’achat (TOA), dont la totalité de l’éolien en mer, continuent de produire un courant dont il s’avère que personne ne veut, même en étant payé pour le prendre. Mais surtout leur production aléatoire excédentaire est à l’origine, depuis le début de ce mois, de messages d’alerte de RTE en raison de la dégradation de la sécurité de l’équilibre du réseau. Pour en comprendre les raisons, il convient de revenir sur le fonctionnement du marché.

Les responsables d’équilibre

Les responsables d’équilibre (RE), au nombre de 277en France, ont pour mission d’assurer l’alimentation d’un périmètre défini par contrat avec les gestionnaires de réseau, RTE ou Enedis, eux-mêmes en étant parties prenantes. On y trouve aussi bien des producteurs de tous horizons, comme SEFE (ex Gazprom) ou Iberdrola, que des consommateurs ou des investisseurs comme la banque Stanley Morgan. EDF y dispose d’une filiale : EDF Trading, et d’une autre : EDF OA, spécifiquement chargée de gérer les contrats avec les énergies renouvelables. Leur rôle est d’équilibrer l’interface entre les contrats qu’ils ont conclus avec les producteurs et ceux avec les consommateurs afin d’alimenter le périmètre dont ils sont responsables. En dernier recours, c’est RTE qui procède à l’ajustement en activant des offres sur le marché de l’ajustement, et en répercute les coûts aux RE via le mécanisme de règlement des écarts.

L’alerte du 11 avril

Un message d’alerte de RTE daté du 11 avril à l’intention des RE fait état d’une dégradation quotidienne de l’équilibre du réseau et de la difficulté pour RTE de maintenir l’indispensable équilibre entre production et consommation, équilibre hors duquel tout écart peut entraîner une panne générale par l’effet domino de l’écroulement du réseau.

Ce message informe : « RTE est actuellement confrontée à une situation extrêmement tendue pour assurer sa mission de service public de gestion de l’équilibre offre/demande en temps réel ce qui rend l’usage des offres d’ajustement insuffisant quasiment quotidiennement et l’amène a émettre des messages de mode dégradé pour in fine devoir recourir à des moyens post marché exceptionnels et coûteux. »

Le message de RTE s’explique tout en bas de son site « Capacités d’équilibrage » par le lien qui indique : « Avis de passage en mode dégradé ». Ceux-ci ont pour en tête « Messages de manques d’offres concernant le mécanisme d’ajustement » et  font état de plusieurs passages par jour en mode dégradé, quasiment tous les jours depuis le 5 avril. Chaque fois le déséquilibre est indiqué dans le sens d’une demande inférieure à l’offre , notamment au 5 avril : « dégradé_Equilibreoffre/demande_baisse_12:30_18:00 ».

Dans son bilan de sûreté 2023, RTE décrit les enjeux de ce mode dégradé en considérant « Autant l’activation de moyens à la hausse permet de renforcer le niveau de services système présents (en démarrant des groupes de production), autant les activations à la baisse peuvent dégrader ce niveau en entraînant l’arrêt des groupes qui participaient aux services système Ces services système comprennent en effet le réglage automatique de la fréquence par l’inertie des énormes turboalternateurs des centrales conventionnelles qui tournent de façon synchrone à 50 Hz sur le réseau. Et ce déséquilibre peut entraîner des reports de flux, des transits imprévus et surcharges localisées qui susceptibles de provoquer des déconnexions automatiques, reportant les flux sur d’autres ouvrages et créant un effet domino.  RTE cite le 9 avril 2023, où il a dû faire appel hors de ses frontières àTerna, Amprion et Swissgrid pour compenser une partie de l’écart de réglage de RTE et pouvoir restaurer la fréquence sous les 50,05 Hz le temps que les groupes français effectuent leur ajustement à la baisse.

Les apprentis sorciers

L’Entsoe venait de publier une nouvelle alerte concernant ce manque d’inertie du réseau européen en raison du développement des EnR. Les apprentis sorciers qui prétendent réduire encore cette inertie par l’augmentation de la part d renouvelable en France, en attendant que l’électrification des usages en absorbe la production, ne semblent pas comprendre l’immédiateté des besoins dans le réglage de l’équilibre, ni le rôle de l’inertie dans la marge nécessaire aux actions d’ajustement.

Le prix de la chimère

RTE a présenté son schéma de développement du réseau qui chiffre à 100 milliards d’euros en 15 ans ses besoins de restructuration, dont 37 milliards pour 22 GW de raccordement d’éolien en mer.

Dans ses éléments de prospective à horizon 2050, Enedis prévoit entre 1,5 à 2 milliards et 6 à 8 milliards par an pour le raccordement de nouvelles installations entre 2020 et 2050, selon l’importance de la part d’énergie renouvelable dans le scénario envisagé. Soit un total compris entre 45 et 240 milliards sur 30 ans, pour leur seul raccordement et sur le seul réseau de distribution.

Pour autant, de telles sommes n’ont pas vocation à dimensionner le réseau pour transporter l’intégralité des encombrants records de production éphémères quel qu’en soit le lieu de production et l’état du réseau. Des congestions sont déjà fréquentes aujourd’hui, et le producteur est alors rémunéré par RTE pour sa production non écoulée.

RTE en explique en effet le mécanisme de compensation ci-dessous dans sa publication « Indemnisation des limitations d’ENR terrestres par RTE »

 


Le caractère aléatoire de la production électrique des EnR est appelée à entraîner une croissance exponentielle des excès de production. Par delà les risques qu’elles font peser sur le réseau, il faut bien comprendre que ces productions inutiles sur fond de marché écroulé, seront forcément soutenues financièrement par l’argent public, que ce soit pour n’avoir pas pu être écoulée, pour compenser l’écart entre le prix contractuel et celui du marché pour une encombrante production écoulée, ou pour rémunérer une installation qui ne produit rien pour cause de prix négatifs.  

Une seconde partie de cet article montrera les effets néfastes de cette coûteuse et dangereuse surcapacité sur notre parc nucléaire ainsi que le fait qu’elle est incapable d’en remplacer le moindre MW installé.

L’électrification des usages est une priorité, l’enchérissement du kWh électrique en est le principal frein.

Les taxes croissantes qui en sont l’unique cause trouvent leur origine dans l’accise, notamment destinée au soutien des EnR, et le TURPE destiné à restructurer le réseau pour lui permettre de les accueillir. L’effet contre productif de ces sommes, elles mêmes frappées par la TVA, doit faire comprendre la nécessité d’un moratoire immédiat sur le développement de l’éolien.

Publié par Le Mont Champot à 01:34 

Libellés : Débat PPEPolitique énergétique

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Le scandale PPE3 : quand l’État ruine le pays au nom des éoliennes et du solaire       

Le scandale PPE3 : quand l’État ruine le pays au nom des éoliennes et du solaire       16 avril 2025
Pendant que l’État racle les fonds de tiroir pour trouver 40 milliards pour  boucler un avant projet de budget 2026, il s’obstine à vouloir dilapider des centaines de milliards dans une stratégie énergétique erronée : la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE3), dominée par les éoliennes et le solaire, qui en sont le symbole le plus coûteux et le plus inefficace
Une stratégie qui délaisse l’essentiel : une décarbonation fondée sur une énergie pilotable, stable et compatible avec les réalités économiques de notre société.

Une hémorragie budgétaire à ciel ouvert

Subventions à perte, appels d’offres déséquilibrés, extension de réseaux non utilisés, projets contestés localement : la PPE3 consacre plus de 300 milliards d’euros en première évaluation à un modèle énergétique fondé sur les énergies dites renouvelables ‘’intermittentes et aléatoires ‘’ – c’est-à-dire l’éolien et le solaire – qui ne tient pas debout.
Il est incompréhensible – voire irresponsable – que le Chef de l’État et le Gouvernement s’entêtent à soutenir une fuite en avant aussi coûteuse qu’inefficace.

Ce gaspillage fragilise l’équilibre des finances publiques, détourne des ressources essentielles, accèlère l’augmentation du prix de l’électricité et ne répond pas aux besoins réels du pays.


Un rejet qui fait l’unanimité

Les voix sont désormais nombreuses et concordantes :

  •  L’Académie des sciences qualifie la PPE3 d’incohérente, irréaliste et nuisible1.
  •   Plus de 160 sénateurs en ont publiquement demandé la révision.2
  •   Le Haut Conseil pour le Climat pointe lui aussi les failles techniques et budgétaires du dispositif.3
  • Les médias nationaux révèlent le gouffre économique de ces choix idéologiques.4
  •   De nombreux groupes d’experts dont ceux de la Fédération Environnement Durable5, de la Fondation Concorde6, du CEREME7, du HCEA8, du PNC9ainsi que des   personnalités reconnues internationalement comme Bernard Accoyer ancien president de l’assemblée Nationale,   François Goulard ancien ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche,  André Merlin10 Président Fondateur de RTE, Henri Proglio ancien Président d’EDF , Stéphane Piednoir  Sénateur Président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, dénoncent depuis des mois ces orientations.
  •   Sur le terrain les Français, de plus en plus nombreux, refusent l’implantation de nouvelles infrastructures éoliennes et solaires qu’ils jugent inutiles, destructrices pour la biodiversité et dévastatrices pour l’environnement.                            

La FED appelle le gouvernement à un sursaut de lucidité

La PPE3 n’est plus un plan d’avenir : c’est un engrenage budgétaire et technologique.
Face à cette dérive, la FED demande :

  • La suspension immédiate de tous les projets liés à l’éolien et au solaire agrovoltaïque
  •   Un audit indépendant sur le coût réel de cette stratégie énergétique ;
  •  Un moratoire sur toute nouvelle décision jusqu’à révision complète de la PPE3
  •   La réorientation des financements vers des solutions énergétiques fiables, pilotables et adaptées aux réalités du pays.


Une seule question demeure :

Pourquoi le gouvernement continue -t-il à ruiner la France pour un modèle énergétique qui ne fonctionne pas ?

La PPE3 est devenue une impasse coûteuse. Le moment est venu de l’arrêter.
Ce gaspillage fragilise l’équilibre des finances publiques, détourne des ressources essentielles, accèlère l’augmentation du prix de l’électricité et ne répond pas aux besoins réels du pays et en particulier à sa nécessaire réindustrialisation.                                                                                                                                                                                         
Il est incompréhensible – voire irresponsable – que le Chef de l’État et le Gouvernement s’entêtent à soutenir une fuite en avant aussi coûteuse qu’inefficace.

 

 Références

1) Academie des Sciences : 
https://environnementdurable.org/ppe3-le-constat-accablant-de-lacademie-des-sciences/
       
2) Plus de 160 sénateurs
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/plus-de-160-senateurs-appellent-francois-bayrou-a-revoir-la-feuille-de-route-energetique-de-la-france-20250313


3) Haut Conseil pour le Climat 
https://www.actu-environnement.com/ae/news/ppe-programmation-energie-production-consommation-financement-hcc-45510.php4


4-1le Point
https://www.lepoint.fr/politique/energie-ce-plan-a-300-milliards-qui-pourrait-faire-tomber-le-gouvernement-13-03-2025-2584636_20.php


4-2) le Figaro
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/incoherent-irrealiste-l-academie-des-sciences-etrille-la-nouvelle-programmation-pluriannuelle-de-l-energie-20250411

 

4-3) IFRAP

https://www.ifrap.org/agriculture-et-energie/transition-energetique-la-france-ne-peut-plus-se-payer-le-luxe-dobjectifs-irrealistes


 5) Fédération Environnement Durable
https://environnementdurable.org/la-programmation-pluriannuelle-de-lenergie-ppe3-sabotage-energetique-de-la-france-2/

 
6) Fondation Concorde 
https://environnementdurable.org/un-rapport-qui-confirme-les-alertes-de-la-fed/


7) Cérémé : Rapport 2035-2050 réalisé avec Roland Berger
https://cereme.fr/wp-content/uploads/2022/03/CP_RapportRB_Resume_16-mars-2022.pdf
Ce rapport, évalue les économies importantes (300 milliards qui pourraient être faites en
stoppant les nouveaux projets d’EnRi.


HCEA : Le haut-commissaire à l’énergie atomique

https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/14__avis_du_hcea_version_finale.pdf

 

8) SLC : Sauvons le Climat: 

https://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/debats_publics/250315_Commentaires_de_Sauvons_le_climat_sur_le_projet_de_PPE3-1.pdf

 

9) PNC ; Défense du Patrimoine  Nucleaire français

https://www.pnc-france.org/category/courriers/

https://www.pnc-france.org/wp-content/uploads/2025/02/250225_PPE3-Synthese-des-avis-de-PNC-France.pdf


Bernard .Accoyer

https://www.lefigaro.fr/politique/bernard-accoyer-la-france-n-est-pas-obligee-de-s-enfermer-dans-une-logique-folle-qui-menace-sa-filiere-nucleaire-20250327


François.Goulard

https://www.eclaireur.eu/p/on-a-un-marche-de-lelectricite-qui?r=fjw9c&utm_campaign=post&utm_medium=web


André Merlin :
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/comptes-rendus/ceindener/l16ceindener2223034_compte-rendu

Henri Proglio
https://lemarin.ouest-france.fr/energie/energies-marines/dix-anciens-dirigeants-publient-une-tribune-contre-le-developpement-des-energies-renouvelables-c763c03e-b08e-11ef-b968-56ee5c51c9ef

 

Stéphane Piednoir
https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/ppe-un-decret-impose-en-catimini-proposant-une-impasse-energetique?utm_source=newsletter&utm_medium=mardi-energie&utm_campaign=/newsletter/cde-magazine-1er-avril-2025&sstc=u4686nl164086

  

  Signé le Conseil d’Administration de la Fédération Environnement Durable 

   

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Courants parasites : victoire contre RTE après 13 ans de procédures

La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de RTE, filiale d’EDF, dans le contentieux qui l’opposait à Dominique Vauprès, éleveur laitier dans la Manche.

https://www.lafranceagricole.fr/vache-laitiere/article/881401/courants-parasites-victoire-contre-rte-apres-13-ans-de-procedures


« Tout a commencé en octobre 1991 quand nous avons été confrontés à une
multiplication des mammites et des cellules dans le lait », explique Dominique
Vauprès. La ligne à très haute tension (THT) passe alors à 300 mètres de sa
stabulation. 34 ans plus tard, l’éleveur installé à Isigny-le-Buat (Manche) en
1985, puis délocalisé au Mesnillard en 2014, est en pré-retraite. Il voit enfin
aboutir la reconnaissance du préjudice occasionné par la proximité de la ligne
de 400 000 volts.
Maître François Lafforgue, son avocat, souligne : « Les deux décisions rendues par la cour
d’appel de Caen en 2023 et 2024 ouvrent la possibilité aux éleveurs victimes de désordres
d’exploitation liés à la proximité d’installations électriques de demander une indemnisation
à la hauteur du préjudice subi. » Le rejet le 13 mars 2025 par la cour de cassation du
pourvoi de RTE (Réseau de Transport d’Électricité) sur le fond du dossier, marque la fin d’un
long parcours judiciaire.
Après un rejet en 2012 de sa procédure en référé auprès du tribunal de commerce de
Coutances, Dominique Vauprès a obtenu gain de cause en 2020 auprès du juge de
l’expropriation du tribunal de Coutances. Une décision confirmée par la Cour d’appel de
Caen en 2023, qui fixe en 2024 le montant des indemnisations dues par RTE à un peu plus
de 444 000 €. Maître François Lafforgue observe : « La cour d’appel de Caen a confirmé la
compétence du juge de l’expropriation. Par ailleurs, les éléments factuels et comptables
versés au dossier ont ici été déterminants pour le calcul de l’indemnisation. »
Dominique Vauprès ajoute : « Celle-ci correspond à 50 % des pertes que la chambre
d’agriculture a estimées à 30 000 à 40 000 euros par an pendant 23 ans, de 1991 à 2014. »
L’éleveur se réjouit de la décision de la Cour de Cassation et recommande aux éleveurs de
ne pas rester seuls. « C’est pour eux que je médiatise mon affaire », confie-t-il.
Claire Guyon Maite

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Énergie : ce plan à 300 milliards qui pourrait faire tomber le gouvernement

La nouvelle programmation pluriannuelle, qui doit être adoptée par décret en avril, est critiquée par le haut-commissaire à l’énergie atomique. Le RN exige un vote.

Par Géraldine Woessner

Publié le 13/03/2025 à 11h55 LE POINT 

La centrale nucléaire de Flamanville (Manche). © Stephanie Lecocq / REUTERS

Le compte à rebours est lancé. Dans moins d’un mois, début avril, le gouvernement prévoit d’officialiser par décret la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3), un document essentiel fixant la trajectoire énergétique française jusqu’en 2035. Publiée le 4 novembre et ouverte à consultation publique depuis le 7 mars, cette feuille de route, très attendue, répond à une urgence : remplacer la PPE précédente, qui prévoit encore la fermeture de 14 réacteurs nucléaires, une mesure abandonnée après le discours de Belfort en 2022. Le document promet une révolution verte : relance du nucléaire, explosion des énergies renouvelables, électrification massive des usages pour coller au « Fit for 55 » européen (d’ici à 2030, les émissions de la France devront avoir baissé de 23 % ). Mais, à l’approche de l’échéance, la tempête gronde…

Dans un avis corrosif destiné à Matignon, que Le Point a consulté, le Haut-commissaire à l’énergie atomique, Vincent Berger, lance l’alerte sur un plan qu’il juge économiquement insoutenable et techniquement peu crédible, dans un contexte de tensions budgétaires et géopolitiques. « On s’engage dans une surproduction ruineuse et des investissements mal calibrés », confie un proche du dossier, pointant une rigidité française potentiellement dangereuse. « Cette PPE mériterait d’être davantage travaillée et de ne pas sortir trop vite », a sobrement résumé l’ex-grand patron Louis Gallois, auditionné le 13 mars devant les députés, s’alarmant d’une trajectoire « surprenante » dont « les coûts complets n’ont pas été appréciés. » 

Des prévisions de demande « surestimées historiquement »

Pour décarboner dans les délais, la PPE3 prévoit une forte hausse de la production électrique, essentiellement portée par le développement des énergies renouvelables : quadruplement du photovoltaïque (qui passerait de 23,3 TWh en 2024 à 93 TWh en 2035) et triplement de l’éolien (de 45,8 TWh à 150 TWh), pour une production totale estimée entre 640 et 692 TWh, contre 536,5 TWh aujourd’hui. Une « politique volontariste de l’offre qui fait peser un risque de surproduction », alerte Vincent Berger, si l’électrification des usages ne suit pas. Or tous les indicateurs sont au rouge.

« Les prévisions de demande ont toujours été surestimées historiquement. Dans les années 1980, EDF anticipait une croissance exponentielle qui ne s’est jamais réalisée. » Les données de 2024 confirment ce scepticisme : 85 000 rénovations énergétiques financées contre 200 000 prévues, 300 000 véhicules électriques immatriculés contre 430 000 attendus… Les ventes de véhicules électriques plafonnent à 17 % du marché. Et rien n’indique une future accélération – au contraire. « Les Français achètent des voitures d’occasion à 4 000 euros, pas des modèles électriques à 40 000 euros, confie un conseiller. Et nous ne sommes pas une dictature, on ne peut pas les forcer à acheter… »

L’excédent de production électrique, évalué à 130 TWh, risque de ne pas pouvoir être exporté, ce qui pénaliserait fortement le contribuable et le consommateur : le marché européen est déjà saturé par les 173 GW de renouvelables allemands, dépassant la consommation maximale du pays (80 GW). Les épisodes de prix quasi nuls ou négatifs de l’électricité en Europe se multiplient. « En 2024, on a compté plus de 300 heures de prix négatifs, deux fois plus qu’en 2023, et 1 300 heures sous 10 €/MWh, trois fois plus », précise Vincent Berger.

À ces niveaux, EDF vend à perte, tandis que la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE, ex-CSPE, multipliée par 5 depuis son origine) continue de financer les tarifs de rachat des renouvelables, un mécanisme qui alourdit les factures. « Le consommateur paie en quelque sorte deux fois une électricité qui n’est même pas nécessaire… », écrit le haut-commissaire.

Le nucléaire sous pression

Le nucléaire, avec 361,6 TWh en 2024 (67,4 % du mix), reste essentiel, produisant une électricité à 4,2 gCO₂/kWh selon EDF – bien que la PPE3 l’estime à 12 g sans justification claire. Le discours de Belfort de 2022 a relancé la filière avec six EPR2 prévus et l’abandon de la fermeture de 14 réacteurs. Mais la PPE3 le met sous pression. Les énergies renouvelables, prioritaires sur le réseau, réduisent son taux de charge, actuellement à 70 % contre 92 % aux États-Unis : quand le vent et le soleil sont abondants, les centrales nucléaires doivent cesser de produire pour leur céder la place. « Le sous-emploi augmente mécaniquement le coût du MWh nucléaire, car les coûts fixes doivent être amortis sur une production moindre », tacle le haut-commissaire.

Ces variations de charge, prévues pour atteindre 30 GW en 2035 contre 5-15 GW aujourd’hui, compliquent la gestion du parc. « Elles imposent des contraintes techniques nouvelles », note Vincent Berger, rappelant la crise de 2022 liée à la corrosion sous contrainte, qui a coûté 29 milliards d’euros à EDF et accru la production fossile de 27 % pour compenser.

Elles mettent, surtout, la sûreté du parc nucléaire en péril, alerte dans un rapport récent l’inspecteur général pour la sûreté nucléaire et la radioprotection du groupe EDF, l’amiral Jean Casabianca. « L’arrivée massive des renouvelables a multiplié les variations de charge. Elles ne sont pas sans risque sur la sûreté du système électrique (dont le black-out) ni sans contrainte sur le fonctionnement de nos installations. »

Un coût colossal dans un contexte budgétaire tendu

La PPE3 engage 300 milliards d’euros d’ici à 2040 : 200 milliards pour développer les réseaux électriques (portés par RTE et par Enedis) et 100 milliards pour les subventions aux énergies renouvelables. « En ralentissant le rythme des renouvelables, on pourrait économiser 50 milliards, une somme significative au regard des besoins actuels », admet un familier du dossier, alors que l’État français cherche cette somme pour financer son nouvel effort de défense. Pourtant, le gouvernement opte pour un décret, évitant un vote parlementaire. « Des engagements de cette ampleur devraient passer par la loi de finances », se sont étranglés, le 10 mars, plusieurs sénateurs.

Les subventions aux énergies renouvelables, via la TICFE (33,70 €/MWh contre 17,16 € pour le gaz, 20 fois plus émetteur), pèsent lourdement sur le prix de l’électricité, et ralentissent (un comble !) l’électrification des usages, pourtant recherchée.

On risque de construire un système surdimensionné pour une demande qui ne suit pas.Vincent Berger

Face à ces incertitudes, Vincent Berger propose une alternative : « Réduire les objectifs de développement de l’offre si la demande se révèle moins importante que prévu », c’est-à-dire préserver la capacité de s’adapter au réel, quand la PPE3 grave dans le marbre des objectifs rigides. « On risque de construire un système surdimensionné pour une demande qui ne suit pas », prévient-il, soulignant une faiblesse structurelle du plan.

sans en modifier une ligne. Une « obstination » qui a perturbé de nombreux parlementaires – et déclenché l’opposition virulente du Rassemblement national (RN), prêt à aller au clash. En visite à l’EPR de Flamanville le 11 mars, Marine Le Pen a fustigé « une PPE dramatique qui ruine les Français, qui aggrave la politique énergétique décroissante d’Emmanuel Macron, qui étouffe la souveraineté, l’industrie et le pouvoir d’achat », promettant de s’opposer au décret, alors que la loi Énergie-Climat de 2019 impose que cette PPE soit débattue, et adoptée dans l’hémicycle.

Ira-t-elle jusqu’à poser une motion de censure contre le Premier ministre et son gouvernement ? « On ne peut pas annoncer un grand plan de réarmement et la fin de la naïveté, avec une politique énergétique qui va à rebours de ce que font les autres grandes puissances », s’agace son entourage. « La possibilité n’est donc pas écartée. »

 

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