Bonjour,
Le nucléaire civil a franchi une étape industrielle cruciale (la construction en série des réacteurs par paliers successifs) en France. Le pays prit alors la tête du nucléaire civil mondial. Mais ensuite, la décision politique de construire un réacteur prototype jointe à l’indécision politique de ne pas ouvrir de nouveaux chantiers durant quinze ans provoqua une grave perte de compétences, à l’origine d’un échec commercial retentissant à Abu Dhabi (2009).
Cette perte de compétences, connue des professionnels du monde entier, resta curieusement ignorée en France, même chez beaucoup d’énergéticiens. Ainsi, le Rapport Percebois « Energies 2050 », sensé éclairer l’avenir énergétique du pays, décrit toujours en 2012 la France comme le « pays de référence du nucléaire ». Il fallut attendre en 2019 le Rapport Folz au Ministre de l’Economie, puis en 2020 un Rapport très sévère de la Cour des Comptes, pour mettre fin à cet aveuglement. La perte de compétences du nucléaire français, dont les acteurs « n’avaient pas conscience » a été catastrophique. EDF est indispensable (Rapport Folz) pour mener une politique industrielle permettant la reconstitution de ces compétences et la réalisation du nouveau programme annoncé de construction de réacteurs. Mais cette entreprise est exsangue financièrement et l’Etat va devoir la recapitaliser.
La renationalisation d’EDF est évoquée. L’article 4 de la première loi de nationalisation (1946) doit alors être repris. Il stipule qu’EDF « est dotée de l’autonomie financière, et par voie de conséquence de l’indépendance technique et commerciale », conditions indispensables pour conduire une politique industrielle. Conditions quelque peu ignorées aujourd’hui.
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https://www.geopolitique-electricite.fr/documents/ene-319.pdf
Cordialement,
Lionel Taccoen
Directeur de la lettre « Géopolitique de l’Électricité »
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