Nord de l’Aisne, un technicien écoute les infrasons des éoliennes

Jean-Louis Rémouit passe la semaine aux confins du Laonnois et de la Thiérache, sur un territoire où les éoliennes sont très présentes. En lien avec l’association SOS danger éolien il effectue des mesures d’écoute du son porté porté par les machines.

Par Samuel PargneauxPublié:17 janvier 2024 à 05h36Temps de lecture:3 min
https://www.lunion.fr/id558448/article/2024-01-17/dans-laisne-jean-louis-ecoute-les-eoliennes

Ne cherchez pas un casque ou un micro, Jean-Louis Rémouit écoute les éoliennes autrement. Sur la nappe vichy de la cuisine de Valérie Bernardeau, la présidente de SOS danger éolien, il a installé son ordinateur et surtout un boîtier abritant son enregistreur atmosphérique. Derrière cette dénomination un peu technique, il faut voir le principe du baromètre qui enregistre la pression générée et diffusée par les éoliennes. « Il s’agit d’évaluer la pression en Sound pressure level (SPL), unité de mesure utilisée par les physiciens. Pour faire plus simple, les SPL deviennent des hertz et des pascals comme l’unité de mesure du baromètre… », explique celui qui a une formation d’ingénieur agronome, a réalisé une thèse en mathématiques en lien avec une unité de l’armée dédiée aux radars, avant de se spécialiser dans le traitement du signal et le matériel de transmission.

Des résultats inquiétants

Autant dire, que le son, ça le connaît. « Ce que je capte avec les éoliennes ce sont les infrasons. Ce qui peut perturber l’activité humaine ou les animaux. J’ai réalisé cette étude dans toute la Haute-Marne, l’objectif est de faire la même chose dans l’Aisne et notamment dans le nord du département où les éoliennes sont très présentes. Lorsque je réalise les écoutes, tout arrive sur le graphique y compris le bruit du moteur du réfrigérateur de la maison. Chaque appareil à une signature particulière. Et pour les éoliennes, sur cette partie du département, je constate des résultats parfois inquiétants en fonction de la vitesse du vent », annonce encore le scientifique qui est aussi administrateur à la Fédération environnement durable, regroupant 1 700 associations de défense de l’environnement.

102 décibels

Lorsqu’il évoque des résultats préoccupants, c’est avec des chiffres à l’appui. « Lorsque les infrasons arrivent, ils sont traduits en pascals et en hertz, puis je réalise des calculs pour les convertir en décibels, via un logiciel d’interprétation des signaux sismiques. Ce lundi par exemple, il y avait 18 km/h de vent et nous avons dépassé à plusieurs reprises la limite d’exposition autorisée par le code du travail. Un ouvrier en usine ou dans le bâtiment, ne peut pas être exposé à plus de 102 décibels, 8 heures par jour et 5 jours par semaine. Sur ce territoire qui accueille de nombreuses éoliennes lorsque le vent souffle même faiblement, c’est-à-dire très souvent, nous arrivons à 110, 115 voire 118 décibels 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. »

Un rapport d’écoutes

Sur les lieux de l’expérimentation, il n’y a pourtant aucun vrombissement perceptible, rien d’autre que le chant des oiseaux. Et pour cause les premières machines se trouvent à 2 ou 5 km. « Les infrasons ne sont pas audibles, mais pèsent beaucoup sur le corps humain. Suivant les personnes, les réactions peuvent être différentes, mais le son porté par les éoliennes a des conséquences à plus de 10 km autour d’un parc. » Jean-Louis Rémouit effectue ces mesures afin de soutenir l’action des anti-éoliens. « Devant la justice cela peut jouer. Nous avons de quoi justifier les troubles sur la santé. Les spécialistes, et les médecins savent bien que les phénomènes vibratoires sont différents selon les personnes mais ont des conséquences malgré tout. » Un rapport d’écoutes devrait ainsi voir le jour prochainement.

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